âge et lieu de naissance - vingt-deux ans. la vie devant elle. gamine majeure depuis un peu plus d'un an. vingt-deux ans, c'est rien. on découvre à pine le monde. on déploie à peine ses ailes. on s'envole doucement du nid. la famille el armish, elle vient d'alep. avant c'était beau alep. avant c'était calme alep. ville qui n'est plus que l'ombre d'elle-même. origines et nationalité - sahar, quand on la voit, on est incapable de dire d'où elle peut venir. parce qu'on sait qu'elle a un accent. qu'elle n'est pas dans le coin depuis si longtemps. sahar, elle vient pas d'ici. d'un autre pays. d'un autre continent. la syrie dans le sang. la syrie dans la tête. mais sahar, elle est australienne maintenant. parce qu'elle est ici depuis un moment maintenant et que sa demande de citoyenneté australienne a été acceptée. heureusement. statut familial - maman envolée. maman qui leur a été enlevée bien trop tôt. bien trop brutalement. maman parmi les étoiles qu'on dit. la plus belle, à coup sûr. papa, là sans trop l'être pendant des années. et finalement, plus aucun signe de vie. papa qui a prit la fuite. papa qui a trouvé mieux. plus stable. plus calme. et en plus de ça, y'a les gosses. ribambelle de gosses. résultat de l'amour de papa et maman. de la fertilité de maman, surtout. gosses qui se sont succédés. famille nombreuse qu'on dit. sauf qu'au final, y'a plus vraiment de famille, y'a les gosses. sans repères. et y'a la tante. celle qui a vécu ici bien avant chacun d'entre eux. l'ancre vers laquelle les gamins se sont dirigés sans trop hésiter. niveau d'études, métier - sahar, elle voulait faire de longues études. rendre fier maman. être un modèle pour les plus jeunes. chanceuse d'être née dans un des rares pays arabe permettant aux femmes un accès à l'éducation à des postes importants au sein de la société. mais lors des moments importants de sa scolarité, y'a eu des facteurs autres qui lui ont fais quitté ce chemin. sahar, en arrivant à brisbane, elle a du reprendre l'école après des mois sans mettre le nez dans un bouquin. elle a repris l'école pour une petite période seulement. la gamine, elle a tout arrêté assez vite, le besoin de travailler, d'aider son aîné avec qui elle s'est retrouvée à vivre. sahar, elle donne des cours de danse. le salaire n'est pas mirobolant, mais ça lui suffit. statut civil officiel - y'a un truc qui ne change pas et qui ne changera jamais. le regard de ses aînés. l'interdiction quasi permanente de fréquenter un quelconque membre du sexe opposé. les seuls avec qui on peut la croiser, c'est ses frères, ses cousins, les amis de ces derniers et quelques rares personnes qu'elle a réussi à faire accepter. alors sahar, elle est forcément célibataire. y'a eu un gars, une fois. ils n'étaient pas ensemble, se plaisaient mutuellement. mais l'gars, une fois face aux frères de sahar, il a flippé et s'est tiré. tapette qu'elle a dit. est en australie depuis - ça fait quatre ans. quatre années que la gamine est arrivée à brisbane. quatre années passées. l'impression d'avoir quitté alep y'a quelques jours seulement. les souvenirs encrés à tout jamais. sahar, elle est résidente à brisbane. ville qu'elle n'a pas vraiment choisie, qu'on lui a en partie, imposée. comme un havre de paix auquel elle s'est finalement accommodée. traits de caractère - sociable. secrète. franche. droite. caractérielle. loyale. fidèle. douce, quand elle le veut. altruiste. dévouée. têtue. fière. sportive. protectrice. impulsive. rancunière. bagarreuse. groupe - pizza. avatar - nisrina sbia.

doubt kills more dreams than failure ever will
(un) le soleil qui réchauffe les peaux. les teint colorés plein les yeux. la syrie. patrie chère à la gamine. alep, gravé dans la tête. gravé dans le cœur. gravé dans la peau. ville où elle est née. ville où elle a grandit. de bons souvenirs gamine. avec ses frères et sœurs. avec maman. des copines, aussi. enfance basique. comme n'importe quelle autre petite fille de son âge. le sourire gravé aux lèvres. l'envie de ressembler à maman. de couvrir ses cheveux, parce que c'est joli. parce que toutes les grandes filles le font. alors sahar, on la retrouvait dans les foulards de maman. enroulée dedans. peau cachée. cheveux corbeau bien apparent. et elle rigolait. alep, à l'époque, c'était peau. c'était bien. c'était comme les autres villes. quelques dérapages, parfois, rien de bien dérangeant. mais tout a fini par merder. (deux) y'a eu des affrontements dans les rues d'abord. sahar, elle ne comprenait pas tout. pas de quoi venaient ces conflit en tout cas. y'a eu une escalade de la violence. de l'horreur. c'est allé de pire en pire. des rixes dans les rues. des balles qui sifflaient dans l'air. et après, y'a eu les explosions. des voisins qui font sauter des véhicules pour faire un maximum de victimes. la méfiance dans le regard des gens. l'insouciance des plus jeunes canalisée par les adultes. sahar, elle ne pouvait plus trop s'éloigner de la maison. ne surtout pas aller vers le centre. vers les rues trop fréquentées. sahar et ses yeux trop clairs qui se sont souvent remplis de larmes. sa mâchoire qui s'est souvent serrée. la panique dans les rues par la suite. la panique dans les yeux en entendant les avions passés au-dessus d'eux. parce que ça a commencé. les bombardements. ça pouvait arriver n'importe quand. n'importe où. et ce jour là, février 2013, ça a commencé. ça a touché la famille. maman sortie faire des courses au centre. un avion passe. l'explosion souffle les alentours. sahar, elle a pas compris sur le coup que maman, elle pouvait être touchée. maman, elle devait être en sécurité. elle pouvait pas les laisser. on pouvait pas la leur retirer. sauf qu'elle est jamais revenus. on a même pas su retrouver son corps. des morceaux de chaire piétinés. maman qui st partit rejoindre dieu. maman qui est bien avec lui. parce que c'était une bonne femme. une bonne mère. une bonne musulmane. (trois) rester là-bas, c'était pas possible. pas sans maman. pas dans ces conditions. la peur au ventre. chaque jour. chaque heure. peur que ça recommence. peur que cette fois encore, un membre de la famille vole en éclat. alors ils sont partis. direction l'australie. direction brisbane. parce que y'a le reste de la famille el armish là-bas. une partie d'eux bien en sécurité. avec pour seule menace les vagues un peu trop fortes et les animaux étranges. recommencer une nouvelle vie là-bas. à dix-huit ans. difficile de tout quitter. de tout recommencer. toute la famille qui est partit. ils se sont tous retrouvés en ville. en sécurité. ils étaient censés se retrouver chez la tante. squatter les chambres, le garage, le canapé. le temps que papa trouve une maison pour tout le monde. le temps qu'il ait une situation financière correcte. mais finalement, papa aussi il est partit. ultime trahison. autre famille qu'il a trouvé. autre femme. ila  remplacé maman. comme ça. pour une blonde australienne sans aucun charme. la femme que sahar, elle déteste du plus profond de son être. haine viscérale. (quatre) alternative à la maison de la tante de la famille. pour ne pas tout encombrer. pour ne pas devoir dormir par terre. jahir, il a eu une idée. une bonne idée. trouver un appartement pour eux deux. rien d'exceptionnel. un truc plutôt simple. sans grand charme. ça reste basique. mais amplement suffisant. jahir et sahar, ça les a rapproché. forcément. parce que c'était juste eux deux, pour des journées entières. c'était jahir et sahar contre le monde entier. la gamine qui se réveillait au beau milieu de la nuit après un cauchemar. en sueur, elle allait se réfugier dans le salon. face à la fenêtre. les yeux qui passaient en revue les alentours. pour s'assurer du calme ambiant. pour s'assurer qu'elle n'avait pas juste rêvé de leur venue à brisbane. et souvent, jahir, il venait la rejoindre en voyant la lumière passer sous la porte de sa chambre. les deux qui se trouvaient, en silence dans le salon de l'appartement. pas besoin de parler. pas de ça en tout cas. parce qu'ils se comprennent. ils ont vécu la même chose. (cinq) y'a pas que des  avantages à vivre avec jahir. forcément. la gamine, elle a des interdictions. elle en a toujours eu dans le fond. jahir, il la garde à l'appartement. l'empêche de sortir trop tard le soir. l'empêche de sortir avec des garçons. sahar, elle doit faire attention a ce qu'elle met comme vêtements. ou sortir rapidement de l'appartement. jahir, il a ce côté presque étouffant. alors parfois, sahar, elle s'énerve contre lui. parfois, elle a envie de l'insulter, de le frapper, mais elle ne le fait pas. parce que c'est son frère. son aîné. que s'il fait tout ça, c'est pour elle. pour son bien. il essai d'agir comme leur père l'aurait certainement fais s'il ne s'était pas barré avec cette nouvelle fille. sahar, elle dit rien parce que c'est jahir aussi. parce qu'il a toujours été là. dans les bons comme dans les mauvais moments. que même s'il a des soucis personnels, il se souciera toujours d'elle. sahar, on la croise souvent en jogging. le truc ample. pas franchement joli. pas vraiment sexy. mais ça ne pose pas vraiment problème. parce que quand elle sort sahar, c'est qu'elle va travailler. c'est qu'elle va danser. (six) la danse et sahar, c'est une longue histoire. une belle histoire, même. sahar, elle a commencé à danser avec maman lors des anniversaires. quand maman mettait la radio et qu'à peine debout, sahar était déjà pendue à ses mains, ses pieds sur les siens. sahar, elle danse depuis toujours. avant même de savoir marcher, on voyait sa tête bouger sous la musique. la danse, elle n'en a jamais vraiment fais avec des professeurs. elle dansait seule, dans sa chambre. ou avec ses sœurs. les épaules qui bougent. les hanches. les pieds. les bras. tout y passe. sahar, elle se sent bien comme ça. elle se sent bien en dansant. sans penser. se laisser porter par le rythme. tout simplement. les yeux clos, lèvres étirées. sahar, elle en a fais son boulot. donner des cours de danse à des enfants. à quelques adultes aussi, de temps en temps. elle s'amuse. transmet sa passion. métier rêvé. même si le salaire ne suit pas vraiment. c'est assez pour le moment. (sept) maman était une bonne musulmane. papa, on sait pas vraiment. mais sahar, elle a eu le choix. elle a le choix. on ne l'a jamais forcé à croire en quoi que ce soit. on l'a élevé avec ces croyances, évidement, mais on l'a laissé douter. on l'a laissé découvrir par elle-même. sahar, elle ne se considère pas réellement comme musulmane. elle aimerait faire comme maman le faisait. lire le livre religieux et prier vers la mecque à chaque appel de celle-ci. parfois, elle se dit qu'elle devrait le faire. qu'elle a besoin d'un repère. de quelque chose qui ne bougera pas. à quoi se raccrocher. mais sahar, elle a du mal à croire en cette entité supérieure. cet homme qui possède tous les pouvoirs. cet homme qui lui aurait pris sa mère. qui aurait pris toutes ces vies. cet homme adulé à un point critique par certains. mais sahar, même si elle ne se considère pas comme musulmane, elle agit parfois comme tel. aucune trace de porc dans le frigo. aucune trace de porc dans un coin de son organisme. mais le reste du temps, ça merde. parce qu'elle boit, de temps en temps. parce qu'elle se bat, parfois. parce qu'elle se veut libre et indépendante. (huit) la syrie, c'est encré dans sa peau. cicatrice au niveau de son dos. de quelques petits centimètres. une bombe qui a explosée pas trop loin devant elle. bond en arrière qu'elle a fait sous le souffle de l'explosion. le dos qui a heurté bien trop violemment des débris qui traînaient là. la syrie, c'est encré dans sa tête. les mauvais souvenirs qu'elle se remémore bien plus que les bons. sahar, c'est la gamine qui sursaute encore quand elle entend un pétard explosé dans la rue. celle qui flippe lors des feux d'artifices. qui reste impassible devant les informations. quand des images de son pays natal passent dans le journal télévisé. pour dire que de nouveaux bombardements ont eu lieu. qu'une nouvelle échelle de l'horreur a été franchie. attaques au gaz sur les civils.

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pseudo, prénom - ana. âge et pays - vingt ans, france. avis sur le forum - c'est joli. autre - si vous voulez des liens, faut pas hésiter.